Jardin du Luxembourg








"Velasquez, après cinquante ans, ne peignait plus jamais une chose définie.
Il errait autour des objets avec l'air et le crépuscule,
il surprenait dans l'ombre et la transparence des fonds,
des palpitations colorées dont il faisait le centre invisible de sa symphonie silencieuse.
Il ne saisissait plus dans le monde que les échanges mystérieux qui font pénétrer,
les uns dans les autres,
les formes et les tons,
par un progrès secret et continu
dont aucun heurt,
aucun sursaut,
ne dénonce ou n'interrompt la marche.


L'espace règne.

C'est comme une onde aérienne
qui glisse sur les surfaces,
s'imprègne de leur émanation visible
pour les définir et les modeler,
et emporter partout ailleurs comme un parfum,
comme un écho d'elles
qu'elle disperse sur toute l'étendue environnante en poussière.

Impondérable."



Jean-Paul Belmondo
"PIERROT LE FOU"
Jean-Luc Godard